14 juin 2024
On aurait pu ne jamais le revoir sur un terrain de sport, un court de tennis en particulier. La faute à un accident de la route qui lui a pris ses deux jambes et une grande partie de sa mobilité. Le joueur sarthois Frédéric Cattaneo est pourtant aujourd’hui l’un des plus grands joueurs de tennis en fauteuil au monde. Il est une des chances de médaille de la délégation française, et ligérienne en particulier.
Un homme et une flamme
La belle histoire avait mal débuté. Joueur de très bon niveau amateur, Frédéric Cattaneo s’était rêvé jeune soulever quelques trophées du Grand Chelem, mais il savait le graal inaccessible. Et puis il y a eu cet accident à moto et l’amputation de ses deux jambes. « Ma carrière de tennisman allait se poursuivre, mais assis dans un fauteuil », dit-il sans esquiver une once d’autodérision. Un bon dans le temps plus tard, le champion de tennis fauteuil compte trois participations à des Grand Chelem, un titre de champion de France, un sacre à Roland Garros en double, déjà trois Olympiades avec une médaille d’argent aux Jeux paralympiques de Londres en 2012.
En double avec Stéphane Houdet
À Paris 2024, Frédéric Cattaneo espère aller le plus loin possible dans la compétition, cette fois avec un nouveau partenaire, Stéphane Houdet, avec qui il forme la quatrième paire mondiale. Lors de notre rencontre au printemps dernier au club Jeunesses sportives de Coulaines (72) où il est licencié, le champion mesurait avec humilité et optimisme le chemin qu’il lui restait à parcourir pour défendre les couleurs françaises. Sur la terre battue, ça cogne dur, la débauche physique vient piétiner la veille rengaine reléguant le handisport à des disciplines soi-disant peu spectaculaires. La séance dira tout le contraire. « Je m’impose cette cadence de quatre entraînements hebdomadaires de grande intensité, c’est le prix à payer pour atteindre le graal paralympique. »
Les émotions montent au filet
« Pour apporter une petite sœur à ma première breloque paralympique », Frédéric compte aussi sur l’apport d’un capitaine de renom, Yannick Noah, qui a pris en main l’équipe de France de tennis fauteuil. Frédéric Cattaneo savoure cette alliance sportive avec un sourire communicatif, conscient que le symbole Noah peut apporter au handisport l’éclairage qu’il mérite. « On est toujours dans l’ombre des valides, malgré tout. Et pourtant, question engagement sur les courts, émotions que l’on ressent dans la victoire ou la défaite, je peux vous assurer que personne ne triche. On est entiers si j’ose dire. » Encore une pirouette assumée par un athlète qui « vit tennis, respire tennis, m’évade tennis ». Natif du Maroc où il a frappé ses premières balles dès l’âge de cinq ans, Frédéric Cattaneo savoure ainsi ses 40 étés de coups droits, de montées au filet, de passing-shot… « Tant que j’ai la flamme, je continue. Le temps où j’admirais Agassi et ses tenues fluo est bien loin, mais c’est moi désormais qui joue sur le central. »
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